• Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Le blog ayant été en pause depuis un bon moment (plus d'un an), je n'ai pas il y a quelques mois fait le compte-rendu de cette édition 2018 du Sadique Master Festival, seul évènement entièrement consacré au cinéma extrême en France, auquel j'ai pu participer pour la première fois cette année.

    Puisque l'activité va reprendre ici, pourquoi pas donc commencer par la, avec il est vrai 4 mois de retard. Voici donc le compte-rendu du festival sur ces deux premiers jours, n'ayant pu rester le dimanche, avec un court avis sur chacune des œuvres proposées.

    L'article sera découpé entre les longs métrages et les courts/moyens métrages diffusés ces deux jours avec un rapide mot sur la performance pornovomitgore à la fin. 

    Les longs-métrages 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    DIS (2017) Adrian Corona) (-16) (60 minutes) (Horreur/Drame) (USA/Argentin)  

    Séance d'ouverture du festival, Dis est un film intriguant proposant une relecture très sombre du mythe de la mandragore. La réalisation d'Adrian Corona, même si simple, montre un soin réel apporté à l'œuvre qui vaut surtout pour son atmosphère particulière, à la fois étrange et malsaine. La prestation de Bill Oberst Jr est plaisante, ce qui n'est pas forcément le cas de celle des autres acteurs, lors des séquences de flash-back en noir et blanc (dont l'esthétique est par ailleurs réussie ceci dit). Une curiosité à découvrir surtout pour son ambiance captivante et qui plaira surement aux amateurs de films contemplatifs, sous réserve de réussir à se laisser immerger dans l'histoire qui nous est narrée. 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Cat sick blues (2015) (Dave Jackson) (-16) (94 minutes) (Drame/Gore/Comédie) 

    Mélange de comédie et de slasher gore, Cat Sick Blues est un film sympathique ayant néanmoins quelques défauts gênants. Au niveau des bons points, on peut déjà noter la réalisation, qui sans être extraordinaire reste très correcte et propre (surtout quand on voit les laideurs visuelles que nous sert parfois le cinéma underground). Le gore n'est pas abondant, ce qui n'empêche pas le métrage d'avoir au compteur quelques scènes de meurtres à la fois brutales et franchement funs. La bande son est également un plus et pour ce qui est des performances des acteurs je n'ai pas grand chose à reprocher dessus. Pour l'humour du film, c'est à double tranchant, car si certaines blagues font mouche, d'autres sont un peu navrantes. Le scénario est assez original et décalé mais s'égare pas mal par moments. A ce titre, sans trop en dire, cette longue scène dans un hôpital vers la fin à la fois inutile (puisque le film l'annule juste après) et ennuyeuse, est le meilleur exemple. D'ailleurs cette séquence plombe vraiment la fin du métrage laissant le spectateur sur un sentiment mitigé, la ou la fin aurait été plutôt réussie et le tout moins longuet si elle avait tout simplement été coupée. Cat Sick Blues malgré des fautes de goût ça et la reste un film sympathique, il a d'ailleurs obtenu le prix du jury, et vaut un coup d'œil si la formule slashers gore comique et décalé vous parle. 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Torment (2018) (Adam Ford) (-18) (74 minutes) (Horreur/Drame) (Italien) 

    Torment est la grosse déception de ce festival. C'était une des œuvres que j'attendais le plus et c'est au final celle qui m'a le moins plu. C'est bien simple, le film échoue sur tous les aspects. L'atmosphère pesante qu'il essaye d'installer ne prend quasiment jamais, et l'on s'ennuie ferme. Les cris et gémissements répétés, le film ne comportant aucun dialogue, deviennent vite plus pénibles que terrifiants si ce n'est insupportables par moments. Les performances des acteurs sont globalement juste grotesques, ne parvenant qu'en de très rares moments à faire passer les émotions voulues au spectateur. La psychologie des personnages est donc de ce fait caduc, on n'arrive pas à se mettre dans la peau de la victime ni même à éprouver de l'empathie. Pour couronner le tout, si le postulat de dépars de dépeindre de manière crue et intense une violence sexuelle rarement vue m'intriguait, même cet aspect la est décevant puisque le métrage n'est pas si extrême que ça. Pour prendre un exemple concret, la séquence de la bouteille. La montée de tension lors de cette scène est plutôt réussie. Le personnage de Gacy montre un objet à la victime, en l'occurrence un godemichet, qu'il compte lui introduire dans le rectum. Devant les protestations de celle-ci, il en propose plusieurs autres de plus en plus imposants jusqu'à arriver à une grosse bouteille en verre. Plan audacieux vu de l'intérieur de l'orifice avec le goulot pénétrant le jeune homme, le malaise commence à se faire ressentir et l'on s'attend à ce que cela aille de plus en plus loin jusqu'à causer des dégâts importants. Il n'en sera rien, quelques va et vient avec le goulot et hop terminé, circulez y'a rien à voir. Grosse déception donc pour Torment, dont seul l'esthétique visuelle semble pouvoir être sauvée. Résultat vraiment mauvais donc et un visionnage peu recommandable. 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Visions of suffering – Final director’s cut (2018) (Andrey Iskanov) (-18) (85 minutes)  

    Après des années de production, le retour tant attendu d'Andrey Iskanov, l'un des cinéastes extrême le plus célèbre, apprécié et talentueux. C'est aussi le gros évènement de ce festival pour ce qui est des œuvres diffusées, cette bombe du cinéma extrême étant diffusée en exclusivité mondiale (la grande classe). Et l'attente ne fut pas vaine. Je ne vais pas discourir longtemps sur ce film, c'est avant tout une expérience à vivre soi même et qui n'est pas facile à retranscrire. L'ambiance de cauchemar qui se dégage du film est hallucinante, certains passages étant authentiquement terrifiants. Le métrage enchaine de nombreuses idées et trouvailles étonnantes et Iskanov fait preuve d'une véritable maestria dans son montage et sa réalisation. L'histoire que narre le film est très obscure voir incompréhensible en dehors des grandes lignes mais son intérêt ne réside pas la, Visions of Suffering - Final Director's Cut étant avant tout une expérience visuelle hors du commun. On regrettera seulement la vulgarité non nécessaire de certains dialogues et l'heure de diffusion trop tardive lors du festival. Je pense que ce film, clairement expérimental, ne plaira pas à tout le monde mais néanmoins pour ceux qui ne sont pas réfractaires à ce type de cinéma précipitez vous dessus dès qu'il sortira (sortie prévue d'ici la fin d'année chez Last Exit Entertainment), je doute que l'on ai beaucoup mieux dans le style avant un bon moment. 

    Voila pour ce qui est des longs-métrages que j'ai pu voir, soit l'intégralité de ceux projetés le vendredi et samedi. Je devais normalement voir Deep Web XXX mais ce dernier sera finalement décalé au lendemain (apparemment je n'ai pas loupé grand chose, et bon je doute avoir tenu éveillé un film de plus :p). 

    Les courts et moyens métrages

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Les fines bouches (2016)  (Julien de Volte et Arnaud Tabarly) (-16) (17 minutes)  

    Un court métrage comico-gore français qui mise à fond sur le gore potache et l'absurde. Si apparemment les spectateurs présents ont plutôt appréciés ce n'est pas vraiment mon cas. Les scènes sanguinolentes sont sympathiques mais l'humour est d'une lourdeur absolue, je n'ai juste pas été amusé du tout. Et comme Les Fines bouches mise à fond cette carte la, autant dire tout de suite que j'ai plus été agacé qu'autre chose durant le visionnage. Je n'irai pas jusqu'à le déconseiller non plus car c'est sans doute aussi une question de sensibilité personnelle, visionnez la bande annonce présente sur internet, elle est assez représentative du délire de ce court et ça devrai vous fixer sur si cela peut vous plaire ou non. 

    Je passe très rapidement sur Eternal Craving of Neon Limbonic Climax de Frédérick Maheux, notamment responsable de l'intéressant ANA et du documentaire de bonne facture Art/crime qui de par sa très courte durée (4 minutes à peine) et son contenu tiens surtout de l'expérience visuelle. Trouvable en entier sur le net normalement. 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Dare divas (2018) (Kasper Juhl)  (27 minutes) (Horreur) (-16) (Danois)   

    Seconde exclusivité mondiale de cette édition 2018 du Sadique Master Festival avec Dare Divas, le nouveau moyen métrage du prolifique et talentueux réalisateur Kasper Juhl (d'ailleurs présent lors de la projection), capable de très bonne choses comme de choses assez moyennes. Cette nouvelle œuvre se situe un peu entre les deux. L'histoire, par sa simplicité (deux jeunes femmes qui relèvent un défi de partir à l'aventure en autostop et qui se retrouvent à faire une mauvaise rencontre), arrive à être convaincante, ce qui passe aussi par la réalisation et le jeu d'acteur plutôt juste. Sans trop en dévoiler sur la fin, même si elle est prévisible voir inéluctable, elle aurait pu être plus graphique et violente, si bien que le choc escompté n'est pas totalement au rendez-vous. Le sujet du film en lui même n'est pas non plus des plus original et on a quand même l'impression que le réalisateur recycle un peu toujours les mêmes thématiques et procédés (notamment dans la façon de filmer). Malgré tout ça reste un moyen métrage honorable compte tenu des conditions dans lesquelles il a été tourné et du budget famélique. A voir pour les fans de Kasper Juhl.  

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Et le diable rit avec moi (2018) (Rémy Barbe) (25 minutes)  (-16) (Horreur) (Français)

    Et le diable rit avec moi est une œuvre à la fois brutale et touchante, qui ne laisse pas indifférent. Les thématiques développées sont vraiment intéressantes, surtout quand l'on est soit même cinéphile et collectionneur. La réalisation de Rémy Barbe est soignée, le jeu d'acteur convainquant, la bande son est bonne… Pas grand chose à reprocher à ce métrage indéniablement réussi et qui constitue mon coup de coeur du festival avec le dernier Iskanov. Fortement recommandé donc ! 

    Un mot rapide sur Autopsy Lights de Pierre-Luc Vaillancourt, court métrage projeté avant la séance du Iskanov : mauvais. L'appellation hypno-érotique m'intriguait mais il s'agit en fait juste de pornographie pseudo artistique assommante, avec notamment une femme se masturbant avec un pied de cochon pendant que le réalisateur fait mumuse avec des lasers verts. Chiant à mourir et sans aucun intérêt, à oublier purement et simplement. 

    A souligner également la diffusion en amont de certains films de courts métrages réalisés par No Reason, la bande ayant notamment fait quelques courts métrages-annonces dispos sur le net pour le festival justement. Les deux parodies de sitcom nommées Une famille en bronze étaient franchement très drôles et réussies dans leur délire, j'espère donc que l'on aura l'opportunité de les revoir quelque part (une mise en ligne pourrait être sympathique, maintenant le festival passé). 

    Compte-rendu Sadique Master Festival 2018

    Cette édition a également été l'occasion d'assister à un spectacle, une première dans l'histoire du festival, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agissait d'une performance Pornovomitgore, un spectacle dérangé que l'on pourrait définir comme étant du Lucifer Valentine à la française. Découpages, mutilations d'organes sexuels, vomissements non simulés, cannibalisme. Un véritable déluge de fluides divers et de perversion devant un public ébahi, d'une extrémité d'autant plus impressionnante quand on a l'action devant les yeux directement plutôt que dans un écran. Tellement d'ailleurs qu'un spectateur a du être évacué pris d'un malaise et que même un aguerri comme le réalisateur Kasper Juhl présent sur place semblait mal à l'aise et intimidé. Le côté participatif achevait de rendre cette performance un moment particulièrement éprouvant (dans le bon sens),mémorable et inédit. Je pense que de tout ce qui était proposé au festival, ça a du être l'évènement le plus marquant. 

    Pour conclure une fort sympathique édition 2018, ravi d'avoir enfin pu en être. En plus d'une sélection de films, certes inégaux mais toujours intéressants et de cette performance stupéfiante, ça a aussi et surtout été l'occasion de rencontrer des gens de qualité, certains que je connaissais depuis longtemps mais uniquement via le net et ce fut un véritable plaisir de partager quelques heures avec elles (elles se reconnaitrons si jamais elles me lisent). 

    Rendez-vous pris donc pour 2019 !

    P.S : les articles vont reprendre un cours plus soutenu donc prochainement, ça sera pas difficile en même temps, et il devrait donc y avoir diverses critiques à venir dans les prochains mois. 

    Aussi je serai présent fin août/début septembre au BUTFF à Bréda, si jamais celui qui lis ces lignes actuellement y vas qu'il n'hésites pas à me contacter, qu'on puisse faire connaissance (si ce n'est déjà fait) et aller boire une bière :)


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